Procès de militants d’Ultime Liberté pour trafic de barbituriques et accompagnement au suicide

Une affaire judiciaire impliquant des membres engagés dans la promotion du suicide assisté
Le procès en cours concerne plusieurs membres de l’association Ultime Liberté, née d’un clivage au sein du mouvement pro-euthanasie, l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). Ces individus, âgés de 74 à 89 ans, sont poursuivis pour leur rôle supposé dans l’aide à l’acquisition de pentobarbital sur internet, entre août 2018 et novembre 2020. Selon l’accusation, ils auraient facilité l’achat de ce barbiturique, responsable d’une mort rapide et indolore, à des personnes souhaitant mettre fin à leurs jours.
Les enjeux du procès et la défense des prévenus
Lors de cette audience, prévue pour se clore le 9 octobre, l’ensemble des parties espère sensibiliser l’opinion publique sur les questions relatives à la fin de vie. Me Arnaud Lévy-Soussan, avocat de la majorité des prévenus, a indiqué que cette procédure visait aussi à ouvrir le débat sur la problématique du « droit à un suicide serein » et à la dimension éthique qui y est liée. La majorité des accusés, majoritairement des retraités, sont jugés pour des infractions relevant des législations sur le trafic de substances illicites, tout en affirmant ne pas avoir pour objectif d’inciter au suicide, mais plutôt d’accompagner une décision personnelle, dans le respect des lois françaises.
Une organisation prônant un « droit au suicide »
Ultime Liberté se présente comme la continuité d’un mouvement militant des années 1960-70, défendant la liberté de disposer de son corps. Son combat va au-delà de la simple revendication d’un « droit à l’aide à mourir » pour les patients en fin de vie, abordant la question plus large du droit au suicide dans un contexte de réflexion éthique. L’association prône le droit à un décès « serein », que la personne soit malade ou non, si elle estime pouvoir faire un choix éclairé et réfléchi, sous réserve qu’elle dispose d’un moyen pour agir au moment choisi.
Des perquisitions et une affaire de vente illicite
Le dossier a émergé suite à un signalement des autorités américaines en 2019 concernant une filière mexicaine de vente de pentobarbital, vendu sous forme liquide dans des flacons marron, portant l’étiquette « Natural Cosmetics ». Ce psychotrope, utilisé en médecine vétérinaire en France comme anesthésique ou euthanasiant, est également impliqué dans des cas de suicides assistés dans certains pays où cette pratique est légale, comme la Suisse ou la Belgique. Sur la base d’une liste d’acheteurs identifiés par les enquêteurs américains, la justice française a mené une centaine de perquisitions en octobre 2019. La majorité des acheteurs étaient des personnes âgées ou gravement malades, principalement issues de professions intellectuelles, bien que certains cas de suicides ne soient pas directement liés à des problématiques médicales lourdes ou à l’âge.
Une activité d’accompagnement au suicide sous le regard de la justice
L’enquête a révélé une facette plus secrète de l’association, avec certains de ses membres qui « accompagnaient » des personnes désireuses de mettre fin à leur vie. Ces militants, dans un cadre illégal, fournissaient des renseignements sur l’achat de pentobarbital en ligne via des messageries cryptées, et pouvaient également assister les individus dans ce processus. Chaque membre de l’association choisissait son niveau d’engagement, ce qui a suscité des débats internes. La justification avancée par Ultime Liberté est que son but n’est pas de favoriser la mort, mais d’accompagner une décision personnelle envisagée dans un cadre légal, tout en proposant une alternative à l’attente d’un passage médical ou d’une intervention extérieure.