L’accessibilité du logement : une majorité de ménages dépassent la règle du tiers de leurs revenus

L’accessibilité du logement : une majorité de ménages dépassent la règle du tiers de leurs revenus

Une majorité de ménages consacrent plus d’un tiers de leur revenu au logement

Selon plusieurs témoignages et analyses, la règle du tiers — qui préconise que la dépense de logement ne doive pas dépasser un tiers du revenu net d’un ménage — est de plus en plus difficile à respecter pour de nombreux résidents en Suisse. La hausse des loyers et la pénurie de logements accentuent malheureusement cette problématique.

Des incroyables charges locatives impactant la vie quotidienne

Plusieurs personnes déclarent consacrer désormais une part significative de leur salaire au paiement du loyer. Une lectrice affirme ainsi que la moitié de ses revenus part dans le loyer, tandis qu’un tiers est dédié à l’assurance maladie pour sa famille. Sans le soutien financier de son conjoint, elle pourrait se retrouver en difficulté. D’autres témoignages indiquent que certains ménages y consacrent jusqu’à 41% ou même 65% de leurs revenus, ce qui dépasse largement la recommandation de la règle du tiers.

Les difficultés économiques liées au logement

Des jeunes et familles à revenus modestes très touchés

Fabio, 27 ans, explique qu’il ne parvient pas à limiter son loyer à un tiers de ses revenus, même en cumulant un emploi à temps partiel. Il indique privilégier l’épargne pour faire face à des imprévus plutôt que de sortir avec ses amis. Pascal, 41 ans, souligne que près de 50 % du revenu familial est alloué au loyer, ce qui limite ses possibilités de loisirs ou de vacances.

Des chiffres contrastés selon l’Office fédéral de la statistique

Les statistiques officielles montrent une stabilité relative des dépenses en logement : la part du budget consacrée à l’énergie et au logement étant passée de 14,9 % (2012-2014) à 14,1 % (2020-2021). Pourtant, cette donnée ne reflète pas nécessairement la réalité du marché : le coût des nouveaux loyers a nettement augmenté depuis 2022 pour ceux qui cherchent un logement ou déménagent. Ce phénomène, non encore totalement visible dans les statistiques, tend à augmenter la charge financière sur une partie de la population.

Les enjeux pour la santé mentale et physique des ménages

Selon Aline Masé, responsable de la politique sociale chez Caritas Suisse, la précarité face aux dépenses de logement entraîne des difficultés quotidiennes. Les familles à faibles revenus ou les parents seuls dépensent souvent plus d’un tiers, parfois même la moitié de leurs revenus, pour se loger. Cette situation oblige à faire des sacrifices sur l’alimentation, la santé ou les vêtements, ce qui peut avoir des conséquences néfastes, notamment sur leur bien-être.

Le maintien du principe du tiers : une pertinence à nuancer

Pour certains experts, comme Robert Weinert, auteur de recherches en immobilier, la règle du tiers reste encore largement utilisée, notamment dans certains dispositifs de logement. Cependant, elle semble moins adaptée aux ménages à faibles revenus, pour lesquels consacrer un tiers de leur revenu au logement pourrait déjà représenter une charge excessive. À l’inverse, les ménages plus aisés peuvent se permettre de consacrer une part bien plus importante de leur salaire à leur logement sans difficulté.

Quelles solutions pour pallier ces difficultés ?

Ce professionnel conseille de privilégier la stabilité dans le logement en restant le plus longtemps possible dans le même appartement. Si un déménagement est nécessaire, la recherche via le télétravail ou la colocation peut constituer une alternative. Toutefois, il souligne que l’immobilité forcée, en raison des loyers élevés, peut aussi réduire la disponibilité de logements plus petits ou adaptés, ce qui aggrave la pénurie et limite la mobilité sur le marché.

Une question de gestion budgétaire face aux coûts du logement

Selon l’état des finances de chacun, la part consacrée au logement peut dépasser largement le tiers du revenu, rendant la gestion budgétaire plus compliquée. La question reste donc ouverte : à quel point les frais de logement influencent-ils la stabilité financière des ménages ?