Crise politique en France : Paolo Levi compare à l’Italie des années 1990

Crise politique en France : Paolo Levi compare à l’Italie des années 1990

Crise politique en France : une comparaison avec l’Italie des années 1990

Paolo Levi, correspondant de l’ANSA à Paris, analyse dans Tout un Monde une période politique française marquée par une instabilité qui rappelle celle de l’Italie au début des années 1990.

Fragmentation et gouvernabilité fragilisée

Selon lui, l’Assemblée nationale se divise en trois blocs presque équivalents, ce qui complique la prise de décision et peut conduire à une paralysie du fonctionnement démocratique.

Le compromis, un principe clé encore mal perçu

Il rappelle l’exemple italien pendant la pandémie, lorsque Mario Draghi, ancien président de la BCE, a su rassembler les partis autour d’un objectif national. Cette approche illustre, selon lui, la valeur du compromis comme méthode de travail entre les forces politiques, et non comme une simple concession.

En France, le compromis est souvent vécu comme une compromission; pour Levi, il représente une forme noble de politique qui consiste à s’ouvrir à l’autre et à avancer ensemble sur des bases communes.

Un sentiment de déclin du muscle politique

Le journaliste estime que la France a progressivement perdu ce qu’il appelle le muscle de la politique, c’est-à-dire la capacité à s’ouvrir et à chercher des terrains d’entente. Il déplore une tendance à voir les enjeux en noir ou blanc, ce qui freine la recherche de consensus.

Réformer en France : entre tradition et nouveau cadre institutionnel

Selon Levi, l’idée même de réformer est porteuse d’un sens élevé, mais elle se heurte au système politique français, fortement centré sur le rôle du président et sur des majorités susceptibles d’imposer leur perspective. Il rappelle qu’en Occident, la France est l’un des pays où le président exerce un pouvoir particulièrement étendu par rapport à ses homologues européens.

Il souligne que les réformes majeures françaises ont souvent pris une tournure rupturiste, et que les configurations actuelles exigent une maturation politique menée vers une culture du travail collectif, comme observé ailleurs en Europe.

De Rome à Paris : les dynamiques de l’extrême droite

Sur l’éventualité d’une arrivée au pouvoir du Rassemblement National, Levi rappelle des parallèles avec Giorgia Meloni et l’Italie, où le virage vers le centre a été adopté malgré des origines d’extrême droite. Elle est restée attachée à l’Union européenne et bénéficie du plan de relance européen, estimé à 200 milliards d’euros.

Selon lui, l’exemple italien montre qu’une victoire d’un parti d’extrême droite ne conduit pas nécessairement à une rupture avec les institutions européennes ni à un éloignement durable du cadre communautaire.

Notes: Propos recueillis par Julie Rausis pour l’édition web; adaptation par Miroslav Mares.