Crise dans la prison de Bellechasse : saturation et défis pour une infrastructure obsolète

Crise dans la prison de Bellechasse : saturation et défis pour une infrastructure obsolète

Des conditions de détention mises à rude épreuve à la prison de Bellechasse

Située en plein cœur du quartier résidentiel de Fribourg, la prison de Bellechasse fait face à une grave problématique de surpopulation et de vétusté. Avec une capacité d’accueil d’environ 100 places, l’établissement souffre d’un manque d’espace tant pour les détenus que pour le personnel, ce qui alimente les critiques quant aux conditions de détention.

Les enjeux sanitaires et de sécurité sont également au centre des préoccupations. Selon les témoignages recueillis, la juridiction peine à maîtriser la température, avec des cellules souvent trop froides en hiver (autour de 14–15 degrés) ou excessivement chaudes en été (atteignant 32 à 34 degrés), malgré les tentatives de ventilation et de distribution d’eau. Alain Sauteur, chef de la division de la Prison centrale de Fribourg, indique que ces conditions climatiques difficiles illustrent une situation à la limite du système.

Une problématique de sécurité accentuée par une localisation problématique

Ce contexte a été accentué par plusieurs incidents, notamment une évasion en 2017 où un détenu a réussi à s’échapper en utilisant ses draps. La prison enregistre également un nombre significatif de tentatives d’évasion chaque année, un fait d’autant plus préoccupant que l’établissement est localisé dans une zone densément peuplée, ce qui soulève des enjeux de sécurité et de nuisances sonores pour les riverains, selon Romain Collaud, conseiller d’État.

Une cellule dégradée révélatrice des limites du système

Pour mieux faire comprendre la situation, les autorités ont ouvert les portes de l’ancienne prison à la presse. Alain Sauteur a ainsi guidé les visiteurs dans une cellule typique d’environ douze mètres carrés, où les détenus passent en moyenne plus de 22 heures par jour. Ces cellules sont caractérisées par leur faiblesse en ventilation et leur aménagement minimal : une simple séparation avec un rideau de douche sert à accroître un minimum l’intimité pour les activités corporelles.

Les conditions de vie sont également compliquées par la forte consommation de cigarettes, ce qui contribue à une atmosphère enfumée et difficile à ventiler. La seule solution pour renouveler l’air consiste en un dispositif métallique activé pendant une trentaine de secondes, une solution limitée face à l’humidité et à la surpopulation.

Des infrastructures inadéquates pour la gestion moderne de la détention

Les espaces de détention rencontrent aussi des limitations notables : trois cellules de sanctions disciplinaires, situées en plein milieu des autres cellules, génèrent des nuisances sonores importantes lors de crises, perturbant le calme nécessaire à la réhabilitation. De plus, les ateliers de travail sont devenus incompatibles avec la demande actuelle, faute d’espace pour envisager une extension, comme l’a confirmé l’architecte Marcel Aebischer, responsable des projets liés aux bâtiments pénitentiaires.

Une perspective d’évolution pourrait toutefois voir le jour si le financement de 53 millions de francs, proposé lors de la votation du 28 septembre, est accepté par la population fribourgeoise. Le futur nouvel établissement, prévu pour une livraison dès l’automne 2028, pourrait alors accueillir jusqu’à 290 détenus, apportant une réponse à la saturation et aux limites actuelles.