Zurich lance une ligne d’aide 24h/24 pour les victimes de violences domestiques
Une réponse cantonale rapide et coordonnée
Le plus grand canton de Suisse a décidé d’agir sans attendre davantage pour renforcer l’aide aux victimes de violences domestiques. Le calendrier initial prévoyait un numéro d’urgence national dès le 1er novembre, mais sa mise en service n’est repoussée qu’au 1er mai 2026.
Pour Jacqueline Fehr, conseillère d’État en charge de la Justice à Zurich, il était inconcevable de repousser davantage ce service: la violence ne se soumet pas aux heures de bureau et il faut pouvoir appeler à tout moment.
Un dispositif opérationnel dès le 1er novembre
Dès le 1er novembre, les personnes concernées pourront contacter le Service d’aide aux victimes du canton de Zurich. La ligne 044 455 21 42 offrira une assistance en continu, avec des conseils personnalisés et une orientation vers les structures adaptées: hébergements d’urgence, soutien psychologique, accompagnement juridique ou suivi médical.
Perspectives nationales et réactions
Le conseiller fédéral Beat Jans, chargé du dossier, a reconnu les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du projet fédéral et a exprimé son optimisme quant à l’arrivée prochaine du numéro national en mai. Il rappelle que ce numéro à trois chiffres, 142, sera identique sur l’ensemble du territoire: les appels seront toutefois traités localement, selon le canton.
Un cadre national avec une coordination locale
Autrement dit, même si le protocole est national, la réponse sera organisée cantonalement: un appel adressé depuis un autre canton sera pris en charge par le service compétent localement.
Dispositif d’un niveau à trois cantons
En plus de Zurich, les cantons Bâle-Ville, Bâle-Campagne et Obwald déploient également leur ligne temporaire afin de disposer d’un service prêt lorsque le numéro national sera opérationnel. Jacqueline Fehr souligne que ce démarrage anticipé permet de préparer le personnel et d’assurer une continuité d’assistance.
Dans les cantons les plus petits, la coopération suprarégionale est envisagée pour proposer une offre commune, comme l’a exposé Christoph Amstad, conseiller d’État d’Obwald et vice-président de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales.
À Zurich: une mosaïque de mesures pour l’aide aux victimes
Le canton dispose déjà de huit centres de consultation ouverts durant les heures de bureau et propose un service de chat accessible 24h/24. L’ajout d’une ligne téléphonique vient compléter ce dispositif déjà dense. « Nous avons toute une mosaïque de mesures », résume Jacqueline Fehr.
Cette approche intégrée comprend des refuges pour femmes, des programmes de responsabilisation des agresseurs, une gestion coordonnée des menaces et un service médico-légal pour la conservation des preuves.
Selon les autorités, environ 40 % des places des refuges zurichois sont occupées par des femmes venues d’autres cantons, signe de la forte demande et de l’attractivité du réseau local.
La Suisse et les engagements internationaux
La Suisse a ratifié en 2018 la Convention d’Istanbul, qui impose un accès 24h/24 à l’aide pour les victimes de violences domestiques et sexistes. Toutefois, les chiffres restent préoccupants: plus de 19 000 cas de violences domestiques répertoriés en 2022 et une femme qui meurt tous les quinze jours sous les coups d’un partenaire masculin.
Face à cette réalité, le Conseil fédéral souhaite renforcer la protection des victimes. Une réforme législative est envisagée: possibilité de bénéficier de soins médicaux spécialisés sans dépôt de plainte, gratuité du constat des blessures et un accès garanti à des services d’aide 24h/24.
Le recours accru au bracelet électronique pour surveiller les agresseurs et protéger les victimes est aussi à l’étude. À ce stade, Zurich est la seule jurisdiction à avoir testé un système de surveillance dynamique en quasi temps réel, sur deux cas, inspiré du modèle espagnol. Les autorités estiment que l’Electronic Monitoring constitue une piste majeure et qu’il convient de poursuivre les travaux en collaboration avec les cantons pour sa mise en œuvre.